Un itinéraire intellectuel aux origines paradoxales de la théorie réaliste des relations internationales
Mars 1942. En plein conflit mondial, un professeur américain de relations internationales développe la théorie géopolitique du rimland censée garantir la domination de Washington sur le monde d’après-guerre. Pour les historiens, Nicholas Spykman partage ainsi avec Kennan la réputation d’avoir inspiré la stratégie du containment anticommuniste de la Guerre froide, qui triomphe à partir de 1947. Le réalisme dur de cet « élève de Machiavel », accusé d’être la voix « de la destruction et du nihilisme », lui vaudra d’intenses critiques.
Toujours cité, jamais étudié, Spykman méritait-il ces jugements ? Ancien agent secret néerlandais, théoricien cosmopolite passé de la sociologie interactionnelle à la politique internationale, partisan de la Société des Nations, fondateur du premier département de Relations internationales de Yale avec le soutien de la fondation Rockefeller, agnostique, polyglotte et dandy, qui était-il réellement ? Jusqu’ici, personne – y compris aux États-Unis – ne s’était encore penché sur son parcours intrigant. Fondée sur des documents inédits, cette biographie intellectuelle comble ce vide en reconstituant l’ensemble de son parcours et en analysant l’histoire de la fascination-répulsion qui marqua la réception des théories géopolitiques allemandes aux États-Unis, des prémisses de la Seconde Guerre mondiale à la naissance du bipolarisme. La « géopolitique » telle que la pensait Spykman a-t-elle réellement eu une influence sur la manière dont la Guerre froide a été menée ? Inattendue, la conclusion à laquelle parvient cette biographie intellectuelle inédite ouvre la voie à une réévaluation de la période cruciale de l’entre-deux-guerres, qui prépara l’accession des États-Unis au rang de première puissance mondiale.
Préface Note éditoriale Prologue Première partie D’AMSTERDAM À YALE. PORTRAIT DU JEUNE PHILOSOPHE EN HOLLANDAIS VOLANT (1893-1925) CHAPITRE I De Spijkman à Spykman, un Bildungsroman entre Ancien et Nouveau Monde CHAPITRE II L’entrée dans l’arène académique du Nouveau Monde CHAPITRE III La translatio studii de Nicholas Spykman, de la sociologie aux Relations internationales Deuxième partie UN THÉORICIEN PIONNIER, DE LA SOCIOLOGIE SIMMELIENNE AUX RELATIONS INTERNATIONALES (1925-1943) CHAPITRE V « Le but de l’enseignement n’est pas la connaissance mais la compréhension » : Spykman théoricien des relations internationales CHAPITRE VI Spykman, créateur du premier département de Relations internationales de Yale (1935-1943) Troisième partie FAUT-IL RÉÉVALUER LA COMPOSANTE « GÉOPOLITIQUE » DANS L’ŒUVRE GÉNÉRALE DE NICHOLAS SPYKMAN ? CHAPITRE VII Illustration d’une méthode d’approche des RI : les deux articles « géopolitiques » de l’American Political Science Review (1938-1939) |
CHAPITRE VIII America’s Strategy in World Politics : la gloire et l’opprobre (1942) CHAPITRE IX The Geography of the Peace (1944) : le livre le plus célèbre de Spykman est-il de Spykman ? Quatrième partie POSTÉRITÉ DE SPYKMAN DANS LES MODÈLES THÉORIQUES DE LA GÉOPOLITIQUE ET DES RELATIONS INTERNATIONALES CHAPITRE X Spykman et l’historiographie théorique de la géopolitique : affiner les classifications CHAPITRE XI Spykman et l’historiographie théorique des relations internationales : un pionnier hétérodoxe sous-estimé CONCLUSION « L’intersection de ce que l’on attendait avec ce que l’on n’attendait pas » Remerciements Sources et bibliographie Sigles et abréviations Index |